Naufragés de la civilisation.
Ecrit en juillet 2018…
Notre monde est en effervescence dans tout les sens et de manière exponentielle. La pulsion créatrice est aussi destructrice. On innove et réinvente sans cesse, on en veut toujours plus en dépit des conséquences multiples.
Tout est éprouvé... les paysages, la faune, la flore, la vie du sol, les rivières, les mers, les océans, l’atmosphère... Les peuples, les enfants, les hommes et femmes de tous âges, nos émotions, nos corps, nos relations, nos rêves d’enfance...
Beaucoup de gens qui vivent dans des circonstances a peu près stables et qui les contente, par exemple avec une maison, un métier, un réseau d’ami(e)s... ressentent que nous fonçons « dans un mur » ou au moins admettent que c’est possible. Mais comment s’y préparer ?
Bien d’autres gens ont déjà vécu un ou des naufrages de l’environnement qui les portait : une catastrophe naturelle qui emporte leur village, une pollution qui empoisonne l’environnement, un cyclone, une guerre, l’écroulement d’une société, une épidémie, une sécheresse... Mais il peut y avoir aussi le naufrage de nos relations avec les humains : être exclu, incompris, les familles qui se divisent... le naufrage de notre corps, de notre âme et conscience : un accident, une dépression, un cancer, du dégoût pour la vie en général...
Qu’observe t’on chez les gens qui subissent de tels naufrages auxquels ils s’étaient plus ou moins préparés ?
On observe toute sorte de réaction ! Certaines personnes plongent dans l’horreur tandis que d’autres se lancent dans l’entraide, la solidarité, la confiance en soi jusqu’au bout...
Que ferions nous dans chacune des situations de naufrage que l’on peut observer de part le monde ?
Peut-on trouver du bonheur sans maison, ou sans famille, ou bien avec très peu à manger... ou bien déjà sans jouets, sans téléphone, sans commerces, sans voiture.
Peut-on rester serein face à la mort, se reconstruire après un accident ?
Ces questions peuvent être dures à imaginer, on peut préférer les écarter en dehors de notre quotidien souvent déjà bien prenant... Mais quand les circonstances arrivent ?
Parfois, on voudrait changer notre vie, la rendre plus forte, plus préparée, plus libre de suivre nos envies lumineuses, mais le quotidien nous pèse et nous retient scotché. On brise nous mêmes nos tentatives d’élans ou bien notre entourage ne nous encourage pas du tout.
Alors on attend, on laisse le temps passer et le temps passe... L’actualité continue sa diffusion d’informations de chaos, d’accidents, de problèmes et de peur et nous pouvons même aller jusqu’à manger tranquillement devant toutes ces folies, critiquant l’extérieur, oubliant le mal-être intérieur.
Certaines personnes se réveillent, n’attendent pas, elles changent leur vie malgré le dénigrement de l’entourage, malgré qu’elles ne soient pas capables de bien savoir où elles vont.
D’autres ne se réveillent pas, mais leur âme, désirant tellement un changement, provoque un incident empêchant la poursuite du quotidien habituel. Cet incident peut être un incendie, une maladie passagère, voire un accident assez fort ... Quelque chose dans le but de provoquer la remise en question. Mais cela ne marche pas toujours car on est peu amené à voir les choses sous cet angle.
Le chemin du réveil ...
En sortant de nos habitudes, en partant vers l’inconnu, on découvre sans cesse de nouvelles choses. On écoute de nouveaux points de vue, une infinité ... l’horizon s’élargit. Chaque point de vue peut être médité et donne du recul sur les autres. Il ouvre de nouveaux chemins qu’on peut expérimenter un temps, puis aller plus loin ou revenir ou changer. On peut choisir de plus en plus. On se balade. C’est une ballade qui commence. Une danse avec les éléments, avec les rencontres, avec les circonstances. Il n’y a pas vraiment d’erreur car dès qu’on la voit comme telle, elle se transforme déjà en expérience vécue, forte utile à mémoriser ou témoigner pour mieux choisir nos futurs chemins.
A condition de pouvoir se pardonner et de pouvoir être pardonné.
En rencontrant une multitude de personnes différentes, on peut se rendre compte que les points de vue d’un événement peuvent être complètement différents. Plutôt que de réfléchir déjà à qui donner raison, on peut méditer sur sur ce qui entraîne cette diversité de point de vue. C’est un chemin qui nous mène à l’écoute de l’histoire des gens. Et si on écoute bien, on peut comprendre, et même aimer. Mais qu’est ce que bien écouter ? Qu’est ce que aimer ?
Bien écouter une personne qui parle mal ou trop, ce serait tout en écoutant, méditer sur ce qui la amené à être telle qu’elle est, orienter son récit avec des questions qui aident à faire ressortir le fond de son histoire, comprendre ce qu’elle a vécu, ce qui permet de pardonner, ce qui offre une belle énergie.
Plus on est amené à comprendre les gens de part les circonstances qui les ont forgées, plus on peut aimer les gens différents avant même de bien les connaître car on imagine déjà qu’il y a tout un récit qui expliquerait bien ce qu’il sont devenu.
Aimer, ne veut pas forcément dire approuver les choix de la personne, c’est plutôt une histoire de bienveillance, de compréhension, de compassion. C’est déjà beaucoup !
Lorsqu’on nous parle avec cet amour la, tout en ouvrant un nouveau point de vue, lorsqu’on reçoit une multitude de points de vue aimants ... Alors on se rend compte qu’on peut choisir de voir les choses comme on veut.
Un accident : ça peut être un coup dur, mais aussi une chance, une possibilité de reconstruction.
Un emprisonnement : une possibilité de trouver la joie en toute circonstance, un temps pour se poser et inventer des chansons, de reprendre les choses autrement, de méditer sur le sentiment de liberté ...
Plus de téléphone avec le réseau d’amis : une possibilité de rencontrer de vive voix des nouvelles personnes inconnues.
Panne de voiture : on continue à pied, ou à vélo, on va peut être trouver un immense cerisier sur le chemin ou un habitant qui va transformer notre vie.
A chaque fois que surgit un événement imprévisible, nous avons le choix du point de vue sur cet événement. Cela peut paraître très difficile de s’ouvrir à cet idée quand l’événement est très éprouvant, mais on peut s’entraider. On peut chercher de l’aide, avec des personnes qui ont déjà vécu quelque chose de similaire et ont pu traverser l’épreuve.
Dès lors qu’on est prêt à voir les choses autrement, sans rester bloqué sur la haine pour sa voiture, une personne ou une administration, le chemin de réveil continue, et la joie et la confiance en la vie se renforcent.
Et si on s’entrainait et s’entraidait pour changer de vie et pour pouvoir faire face aux naufrages possibles ?
Le paradoxe des gens qui choisissent d’expérimenter d’avoir de moins en moins, c’est qu’ils ont de plus en plus. La richesse matérielle se transforme en richesse d’expérience. L’inquiétude ou la peur se transforme en confiance.
La nature est une bonne source de renouvellement. Quand elle est luxuriante, son aura porte la vie.
Cherchons des lieux de nature un peu livrée à elle même, où il n’y a pas d’usage bien déterminé, ou quelque chose de nouveau peut recommencer. Essayons d’avancer vers nos peurs, nos barrières pour les franchir et découvrir de nouveaux horizons.
Avec peu d’organisation au préalable, retrouvons nous déjà sur ce lieu puis voyons qui on est et ce qu’on a. Que peut-on faire ? Qu’est-ce qu’on mange ? On on va dormir ? Comment on se lave ? Qui peut proposer quoi ?
L’entraide et le partage commence déjà. Des idées déroutantes, amusantes, osées surgissent. On est là pour apprendre à faire autrement, à faire avec moins matériellement, avec ce qu’il y a sur place ou pas loin.
On peut ressentir la galère, mais comme elle est partagée et choisie, elle peut en devenir amusante. Et puis il faut faire preuve d’imagination et de courage. Par exemple, on a froid. Est-ce que on reste figé à attendre ou espérer que cela finisse ou bien on cherche ou demande un pull ? Sinon une couverture. Sinon on se rapproche du feu. Si le feu est trop petit, on va chercher du bois. Savez vous trouver du bois bien sec même quand il pleut ?
Il va falloir développer la volonté, le courage et l’imagination. Les vies trop réglées nous ont trop endormies. Les adultes ne sont pas forcément mieux placés que les enfants pour expérimenter de nouvelles choses, c’est même plutôt l’inverse.
C’est donc comme une sorte de nouvelle école pour tous qui commence, et personne ne démarre du même endroit. Il n’y a pas de recette unique à part peut être d’expérimenter ce qu’on ne sait pas faire et d’avancer vers ce qui nous élève à la vie.
Une organisation se met en place, sachons rester souple pour s’adapter à de nouvelles circonstances, changeons les rôles, baladons nous, diluons le cercle de la rencontre dans le voisinage, le paysage aux alentours pour mieux voir où nous sommes et éviter de former une bulle trop fermée.
Les gens proposent des idées et on suit notre enthousiasme. Il en faut pour tous et pour que l’effervescence décolle, il faut oser de grandes expériences ou aventures.
C’est aussi à travers ces grandes expériences qu’on distinguera mieux nos barrières, nos travers et qu’on pourra s’entraider à les traverser.
Cette école nomade supérieure des naufragés de la civilisation s’ouvre pour tous les âges et tous les horizons.
Êtes vous parés pour la grande aventure ?!!!